Cambodge tournée, 16-30 janvier 2010

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Début janvier, envoi de médicaments:

Infos sur la LICADHO
http://www.licadho-cambodia.org/programs-french.php L’équipe médicale de la LICADHO fait des visites mensuelles dans douze prisons à Phnom Penh et dans les provinces et procure des services médicaux aux prisonniers ainsi qu’aux fonctionnaires de ces prisons. Des suppléments alimentaires ainsi que des soins médicaux spécialisés sont donnés pour satisfaire aux besoins particuliers des femmes enceintes en détention, des enfants de prisonniers féminins et aux autres groupes vulnérables.

8 janvier, derniers réglages pour r2j

Une journée sous le signe de la balance…
Balance pour l’équilibre sono, pour les niveaux des retours in-ears.
Balance aussi pour peser tous le matériel que nous prendrons pour notre tournée…
Régime sec, pas de kilos superflus !

Dernière ligne droite avant le départ.

Tournée au Cambodge 16-30 janvier 2010

Durant ces 12 jours, nous avons eu la chance de pouvoir visiter 11 prisons en parcourant 2030 km sur les routes cambodgiennes. Nous avons donné un total de 17 concerts. 980 détenu(e)s et une vingtaine de gardiens ont pu bénéficier de soins attentifs du médecin de la LICADHO. Merci pour eux…

16 janvier, départ aux aurores…

De la gare de Lausanne pour Zurich-aéroport,
puis vol Zurich-Phnom-Pen via Singapour
r2j est au complet et en pleine forme.
Ceux qui restent sur le quai vous souhaitent une magnifique tournée.
16 concerts prévus, majoritairement dans les prisons cambodgiennes
en collaboration avec le SEMM (SEcours Médical Missionnaire)
pour la LICADHO, notre partenaire sur place

17 janvier, r2j est bien arrivé à Phnom Penh

Tempèrature agréable de 30°C
C’est après un long vol que tout le groupe se retrouve à Phnom Penh.
Avec 3-4 heures de sommeil dans l’avion et le décalage horaire en prime, la journée a été tout de même fatiguante. Tout le groupe va bien et le matériel musical embarqué a bien suivi. Nous sommes déjà en possession de la sono louée sur place.
Nous avons déjà pu rencontrer notre interprête et notre mère à tous Sam, qui nous est fidèle de tournée en tournée. Excellent repas de bienvenue avec la présidente de la LICADHO, Mme Kek Galabru et son mari François.

C’est donc dans les meilleures conditions que nous allons débuter cette tournée 2010.

18 janvier, prison de Kompong Thom

Le voyage a duré plus de 3 heures. Nous avons parcouru 150 Km dans la bonne humeur, les rires des membres du groupe résonnaient dans le bus. Il faut souligner que nous avons beaucoup apprécié la qualité du véhicule et, surtout, l’air conditionné. Paysages magnifiques: rizières, temples et villages animés. Nous avons déjeuné à Kampong Thom dans un petit restaurant au bord de la route et d’un marché. Sur les étalages, des tissus et de la nourriture, surtout des poissons séchés.
Nous nous sommes rendus à la prison. Le directeur a reçu une petite délégation dans sa maison située devant l’entrée de l’établissement. Après les présentations et les remerciements d’usage, nous avons passé le portail en fer pour nous trouver dans une cour. Une centaine de détenus, principalement des hommes, mais aussi un petit groupe de femmes qui nous attendaient à l’abri d’une bâche. Le soleil était de la partie et il devait faire environ 40°C au soleil.
L’installation du matériel a été faite rapidement, mais nous devons nous améliorer pour la suite. Petits problèmes avec la régie car les entrées étaient mal étiquetées et le générateur n’était pas bien connecté. Heureusement, Christian et Julien ont remis les choses dans le bon ordre dans un temps record. Après cinq minutes, les détenus ont commencé à taper des mains et, après cinq autres minutes, les détenues ont commencé à danser. Eileen et Ludivine ont dansé avec elles. Le concert de 1h30 a été d’une très bonne qualité. Pendant ce temps, le médecin de la Licadho a pu faire bénéficier 53 détenus d’une visite médicale et de médicaments.
Nous avons mangé tôt car nous devions rejoindre Siem Reap, ville située à 140 Km de ce village, pour la nuit.
Après 3h30 de route nous sommes arrivés à notre hôtel à 22h50, fatigués mais contents et satisfaits de notre performance et du soutien que nous avons apporté aux détenus. Nous avons partagé avec eux un vrai moment de joie et de communion.

19 janvier, prison de Siem Reap

Nous partons à 7h15 après le petit déjeuner. 45 minutes de trajet en soulevant la poussière, les arbres et la végétation en sont rouges.
Et bientôt, au milieu de rien, une prison moderne bordée de jardins entretenus par les prisonniers. La vente du terrain de l’ancienne prison, proche de la ville, a permis la construction de ce nouvel établissement abritant 1500 détenu(e)s.
Après l’accueil rituel du directeur, nous passons entre les bâtiments, impressionés par le calme et la discipline qu’y règne. Plus loin, un grand terrain pour la culture de légumes. Quelques détenus remplissent les tâches communautaires. Nous arrivons dans une cour où nous attendent environ 150 personnes assises. Parmis elles, quelques petits enfants de détenues. Nous montons la scène rapidement et efficacement sous un ciel légèrement voilé, la chaleur est tout à fait supportable. Le concert peut commencer. Rapidement le contact passe , les détenus tapent des mains. C’est toujours touchant de voir leurs yeux ébahis. les sourires se dessinent sur leurs visages. A notre étonnement, certaines femmes se lèvent pour danser, imitées par les hommes. Eileen, Ludivine et René les rejoignent avec plaisir.
Malgré un estomac légèrement barbouillé, Christian fait une excellente préstation à la batterie. C’était la super ambiance. Les quelques petits couacs techniques côté guitare de Nicola n’ont pas porté un trop grand préjudice au bon déroulement du concert.

Nous avons été très émus par le geste de quelques détenu(e)s qui sont venus nous offrir des fleurs. Le concert s’est terminé par « L’indifférence ». Notre traductrice Sam, femme exceptionnelle, a dit à René  » tu m’as fait pleurer comme toi ». Confidence assez rare pour une personne asiatique, la plupart des membres du groupe avaient les larmes aux yeux.
Durant cette visite, le médecin de la LICADHO a pu rencontrer 63 personnes,
Nous remercions les détenus nous donnent des grands coups de main pour le transport du matériel au début et à la fin du concert.

L’après-midi de cette journée est consacrée à la visite de Angkor Wat. Le site est immense, les monuments grandioses au milieu d’une végétation dense et sauvage.
Nous croisons des singes et beaucoup de touristes.
Demain, deux concerts en vue dont le premier sera encore dans cette prison.

Les détenu(e)s nous ont chaleureusement dit « Au revoir et à demain ».

20 janvier, de Siem Reap à Battambang

Dès notre arrivée, vers 8h00, 250-300 détenu(e)s sont assis à nous attendre. Rapide montage de la scène, le concert commence. A la troisième chanson, une petite averse nous interrompt, nous protègons le matériel. Le groupe a alors improvisé « Happy Day » à cappella et est arrivé à faire chanter les détenu(e)s. Ecore un moment vraiment sympa. L’averse a duré 5 à 10 minutes. Voyant que tout se déroulait bien, la Direction de l’Etablissement a fait venir d’autres détenu(e)s pour assister à notre prestation. L’ambiance était magnifique. La présence des danseurs sur la piste augmentait grâce aux chansons rythmées avec punch par Cyril et Christian. A la fin du concert, plus de 350 personnes étaient présentes.
Le médecin de la Licadho, monsieur le Dr Nhean Sarin, a visité 45 détenu(e)s et 3 gardiens.
C’est avec un grand déchirement et le coeur plein de chaleur que nous les quittons avec des salutations chaleureuses et émouvantes.

Seconde partie de journée, arrivée à la prison de Battambang. Etablissement moderne. Pour des raisons de sécurité, les prisonniers ont été amenés en deux groupes différents. C’était étrange de voir partir les premiers pour laisser la place aux suivants; soit au total environ 150 personnes. Bonne participation de leur part, autant dans les applaudissements que dans la danse.
Le temps maussade et couvert durant toute la journée, une nouvelle averse s’annonce. Nous avons donc plié le matériel dans un temps record avec une grande efficacité.
Le Docteur a pu visiter 48 détenus et 4 gardiens qui ont comme d’habitude reçu leurs médicaments.

Nous rejoignons notre hôtel à Battambang City où se déroulera le concert de demain.

21 janvier, visite des prisons de Battambang et Pursat 

Arrivés à la prison de Battambang à 8h. Le montage de la scène a été fait en 17 minutes, un vrai record. Cet établissement compte plus de 1000 prisonniers. Ces derniers peuvent être occupés dans les jardins pour la culture des légumes ou dans un immense hangar ouvert où Ils construisent des chaises et des tables, ainsi que d’autres objets en bois.
Au début de notre prestation, environ 150 détenu(e)s étaient présents et comme d’habitude, des petits groupes se sont ajoutés si bien qu’à la fin du concert 300-350 détenu(e)s nous écoutaient. La qualité du concert a été vraiment bonne, le public a tout de suite croché et manifesté en tapant des mains. Il est difficile de décrire les sourires et les regards chaleureux de ces gens qui nous donnent une énergie extraordinaire. Le public a à nouveau dansé avec nous et l’ambiance était très agréable.
Le médecin de la Licadho a pu visiter 58 détenu(e)s.

Pendant le démontage il m’a été possible ainsi qu’à René de visiter deux bâtiments où logent les prisonniers, l’un pour les femmes, l’autre pour les hommes. Je ne pense pas qu’il y ait des mots pour décrire ces moments. Les femmes sortaient de cellules d’environ 25m2 dans lesquelles vivent une vingtaine de détenues. Leurs sourires et la chaleur des regards étaient en complet décalage avec la situation du lieu. Dans les couloirs, à côté des femmes qui mangeaient assises par terre, un bébé de 2-3 semaines était posé sur un foulard. On aurait pu dire que lui aussi souriait.
Nous sommes ensuite passés du côté des hommes. Dans le couloir, il y avait un détenu blessé, couché par terre. Nous avons salué les détenus à travers les barreaux et eux aussi nous répondaient avec les mêmes sourires et la même chaleur que les femmes. Aucun matelas au sol, le même nombre de personnes dans chaque cellule et le long d’une paroi, seul un petit mur les cachent pour faire leur toilette et leurs besoins. Il y avait une douzaine de cellules dans cette aile du bâtiment.
Je ne vous cache pas que je suis sorti complétement ému et boulversé par les moments que je venais de vivre. De retour sur la scène, au milieu des membre du groupe, les larmes ont commencé à couler sans que je ne puisse les arrêter…

2h de bus nous séparent de la prochaine prison de Pursat. Nous avons monté la scène dans une cour déserte. Une fois prêts, les détenu(e)s sont arrivés et se sont installés en rang. Il y eu un appel de présence très militaire. Nous avons été frappé par cette discipline assez rigide. Nous avons commencé notre concert et le public a tout de suite répondu favorablement à la musique. Malheureusement, après la première chanson, il y a eu une coupure d’électricité. Ceci a déréglé la régie, Christian et Julien ont dû travailler dur pour remettre les choses en ordre. 150 détenus présents au début, leur nombre a pratiquement doublé en cours de route. Le groupe a à nouveau improvisé des chants à capella lors des interruptions dues au courant défectueux.
Ambiance festive et avec une grande communion et partage entre le groupe et le public.
Le médecin de la Licadho a visité 68 détenu(e)s. Encore 2h de route et nous arrivons à notre hôtel de Kompong Chhnang.

22 janvier, Kompong Chhnang,
Correction Center 1, Memphis Pub,Phnom Phen

Arrivée à la prison de Kompong Chnang à 8h10. Prison de 350 personnes. Le directeur nous informe que nous devons jouer pour 2 groupes différents, du coup d’un concert prévu, nous passons à2. la journée risque d’être épuisante.
Malgré l’heure matinale, le soleil tape fort. Le public répond assez favorablement dès la première chansont. Avec Julien, nous devons réparer l’amplificateur de Cyril qui était tombé en panne hier, le fusible est grillé et pas de rechange. Chivorn, notre logisticien cambodgien, se charge d’aller en acheter un. Avec bonheur, tout rentre dans l’ordre, incident clos… Après une heure de musique, le premier groupe regagne les cellules pour laisser la place aux 150 autres détenu(e)s pour lesquels nous jouons 1h encore avant ranger la scène.
Une délégation du groupe peut visiter deux cellules. Leur taille est d’environ 50 m2, pour respectivement 94 et 91 personnes !
La consultation du médecin de la Licadho profite à 70 personnes qui reçoivent leurs médicaments. Après les photos d’usage, nous quittons la prison à 10h30 pour nous rendre à Phnom Penh, le voyage durera deux heures.

Nous mangeons au restaurant de l’association Friends ou nous jouerons demain, puis nous nous rendons à la prison du CC1 ( Correction Center 1) où sont détenues environ 3000 personnes qui ont toutes des lourdes peines à purger.
A notre arrivée, vers 14h15 nous subissons un fouille très stricte: les mesures de sécurité sont importantes, aucun portable et aucune caméra ne sont acceptés.
Sur place nous retrouvons Kek, la Présidente de la Licadho, et son mari François, ainsi que Jean-Pierre, le médecin de la Croix Rouge que nous avions rencontré chez eux à notre arrivée au Cambodge. Ils assistent, avec des amis, à notre représentation. Le concert est d’une qualité remarquable et le courant passe vite et très bien. Nous jouons dans un hangar, chose qui ne nous déplaît pas du tout, soleil oblige…
Le médecin visite 60 détenu(e)s.

En fin d’après-midi, nous rejoignions le Memphis pub, afin de monter la scène et effectuer les règlages pour le concert public de ce soir à 22h15.

Petite douche et pause repas au Cyclo Hôtel chez notre ami Jean Pierre, il est 19h30.

Concert au Memphis Pub prévu à 22h00, à suivre…

23 janvier,Phnom Penh, Concerts PSE et Friends

Hier soir le concert au Memphis s’est très bien déroulé, le pub était plein à craquer. Bonne ambiance et très bonne performance. Le groupe a récolté plein de commentaires très élogieux. Heureux mais fatigués, nous avons démonté la scène et sommes rentrés sans trop tarder. Retour à l’hôtel vers 2 heures.

Le lendemain, petit déjeuner à 9h00. Nous nous rendons à PSE, Pour un Sourire d’Enfant. Cette ONG s’occupe des enfants qui passent leur journée à ramasser les déchets dans les décharges publiques, tout ce qui peut être revendable est recherché: fer, plastique, etc. ..
PSE sort ces enfants de cette situation, s’occupe de leur hygiène et les scolarise.

Bienvenue chez PSE infos PSE ici

Nous sommes arrivés vers 10h30. C’était ENORME : 2000 enfants nous attendaient devant la scène ! Cette ONG accueille 2500 enfants à Phnom Penh et 6500 dans le monde. Heureusement, nous avons joué dans un hangar ouvert. Le soleil était en effet encore de la partie. C’était impressionnant de voir tous ces regards et ces sourires devant nos yeux. Dès notre arrivée, des applaudissements et des cris de joie nous ont fait chaud au coeur. Lors des morceaux plus rock et des vocalises interminables de René, le public réagissait puissamment. Des moments inoubliables !
Au milieu du concert, du haut de ses 10 ans, la fille de Chivorn (notre logisticien), a interpreté une chanson en cambodgien connue par tous les enfants. Là aussi, un déferlement d’applaudissements. Encore un moment très touchant.
Nous avons dîner au restaurant de la PSE, un repas très soigné, l’entrée avec fromage de chèvre chaud nous a fait vivre un instant de nostalgie.
Lors du repas, le fondateur de cette ONG, Christian, un jeune homme de 75 ans, nous a expliqué que la crise a eu une incidence considérable sur les revenus des familles qui s’occupent de ce commerce car le prix de ces denrées a lourdement chuté.

Fin du repas, nous avons rendez-vous pour le deuxième concert du jour, le transfert nous a pris environ une demi-heure à travers Phnom Penh dans une circulation ahurissante où tout le monde circule où il veut, à gauche ou à droite, quand il veut, dans un calme olympien, sans aucune agressivité.

Bienvenue chez Friends

Cette association, créée par un français nommé Sebastien, s’occupe des enfants de la rue, les scolarise et leur apprend un métier qui peut être exercé au Cambodge: couture, coiffure pour les filles et mécanique, ébénisterie pour les garçons, restauration pour les filles et garçons.
Là aussi, nous avons joué dans un endroit couvert, devant une centaine d’enfants. Je me répète, mais ces regards et ces sourires resteront gravés pour toujours dans nos oeurs. Le concert a à nouveau duré 1h30. Le public a dansé, certains enfants ont même fait une démonstration de break dance.

Le concert de ce soir au Sharky’s Bar ayant été annulé, nous sommes ensuite rentrés à notre hôtel et nous allons tous profiter de cette soirée et de la journée de repos de demain pour recharger nos batteries et nous préparer pour notre deuxième semaine de tournée au Cambodge.

24 janvier,Phnom Penh, journée de repos

Une journée de congé bien méritée et nous l’avons passée au bord d’une piscine d’un hôtel situé dans la périphérie de Phnom Penh.

25 janvier, prison de Takeo

Aujourd’hui nous nous sommes rendus à la prison de Takeo. Nous étions accompagné par une jeune Suissesse qui travaille à l’ONU.
Elle interroge les victimes du génocide dans le cardre des procès qui se déroulent actuellement au Tribunal International.
La prison de Takeo compte 345 détenu(e)s encadrés par environ 50 personnes.
Nous avons rapidement monté la scène pendant que 150-200 détenu(e)s se sont installés assis par terre devant nous. La prison est assez vétuste mais un toit a été construit par le gouvernement. Par rapport à ce que R2J avait vu lors de son dernier passage ici, les conditions générales se sont tout de même améliorées.
Dès la première chanson, nous avons eu une panne de courant que Christian a magistralement maitrisé pendant que le groupe chantait à capella, une habitude dans ce genre de situation. Il aura fallu jouer quelques morceaux avant que les détenus ne se dérident et qu’ils se mettent à danser. A la fin du concert, beaucoup dansaient avec René, Eileen et Ludivine.

Parmi notre public, certains ont reconnu René car ils étaient déjà présents ici, lors de notre venue il y a 6 ans. Pour notre chanteur et pour eux cela a été un grand moment d’émotion. A la fin de notre concert, ils nous ont prié de chanter encore un morceau pour danser et rêver encore quelques instants. Avant les dernières salutations, René s’est promené dans le public en serrant les mains. Tous avaient les larmes aux yeux pendant ce moment.

Le médecin de La Licadho a effectué 75 visites médicales.
Acuellement nous en sommes à un total de 540 détenu(e)s qui ont bénéficié de ces visites et de la distribution de médicaments.

Nous avons quitté la prison vers 16h15 et après un voyage de 2h30, sommes arrivés à notre hôtel en bordure de mer de Chine.
Juste sous nos fenêtres, le doux clapotis de l’eau bercera notre nuit.

26 janvier, prison de Kampot

Petit déjeuner à 6h30. Nuit blanche pour certains, indisposés, et pour leurs collègues de chambre.
Nous arrivons à la prison de Kampot vers 8h00, après un court voyage en bus.

C’est la première fois que R2J se produit dans cette prison qui accueille environ 300 prisonniers. Les formalités sont un peu plus complexes car la direction ne nous connaît pas. Nous devons laisser nos passeports à l’entrée et nous n’avons pas l’autorisation de prendre de photos.
Nous arrivons dans une cour déserte et pas abritée. Heureusement le soleil n’est pas encore au zenith. Il fait quand même chaud! Pendant que nous montons la scène, une centaine de personnes prennent place en face de nous. Ludivine avec son estomac trop barbouillé est trop fatiguée pour chanter. Eileen reprend quelques morceaux et René assure le reste du concert. Le public ne réagit pas tout de suite mais, petit à petit, ils commencent à taper des mains pendant les chansons. Ensuite des petits groupes commencent à danser.

Il faut souligner qu’ici aussi, les détenu(e)s sont souriant(e)s et la joie se lit sur leur visage. Dans deux bâtiments en face de la scène se trouvent deux immenses cellules remplies de prisonniers. Nous devinons leurs silhouettes derrière les barreaux et lorsque je passe derrière le public je les salue à la façon cambodgienne et européenne. A chaque fois, je vois ceux qui se trouvent devant, près des barreaux, pour me répondre. Le concert dure 1h30.

Le médecin de la Licadho me communiquera demain le nombre de détenu(e)s qu’ il a pu voir aujourd’hui. A la fin du concert, nous prenons les photos d’usage avec les membres de la direction de la prison et nous reprenons la route pour rentrer à notre hôtel, le même que hier à Kep.

L’après midi est consacrée à la détente et à la récupération. A la fin de l’après midi, Ludivine, qui a pu bien se reposer va déjà un peu mieux.

27 janvier, prison de Sihanoukville

Avant tout, je dois vous communiquer, comme promis, le nombre de visites médicales faites hier, 26 janvier, par le médecin de la LICADHO.
En effet, il s’agit d’un vrai record. Le matin, pendant le concert, un peu plus de 70 détenu(e)s ont pu bénéficier de cette prestation. A midi, le directeur de la prison a rappelé le médecin pour lui demander de repasser à la prison.
A la fin de la journée 152 prisonniers avaient eu une visite médicale et reçu des médicaments.

Petit déjeuner à 7h30 et départ avec notre petit bus pour nous rendre à Sihanouk Ville. Le trajet a duré 2h30. Nous sommes passés à l’hôtel poser nos bagages, nous avons dîné et nous nous sommes rendus à la prison. Le concert était à 14h. Le soleil était haut dans le ciel et la température incroyablement élevée. Nous n’avions pas encore terminé le montage de la scène que nous étions moîtes de sueur.

– « Je vous remercie chaleureusement pour ce moment de musique qui permettra aux prisonniers d’oublier un instant leurs soucis, pour la présence du médecin et pour les médicaments que vous leur avez amenés. » nous dit le directeur juste avant le concert.

La prison accueille environ 390 détenu(e)s. Environ 120 étaient présents devant la scène. Dès la première chanson, la participation du public a été fantastique. Un petit groupe a commencé à danser et les autres à taper des mains. Petit à petit, de plus en plus de personnes ont dansé.
Dans le public, un prisonnier portait dans ses bras un petit bébé. Lorsque je me suis approché, il m’a montré, dans le groupe des femmes détenues, la maman. Ensuite, j’ai pu voir une autre détenue lui donner le biberon, préparé avec le lait fourni par la LICADHO. L’enfant s’est ensuite endormi malgré la musique.
Dans un bâtiment, à gauche de la cour, des prisonniers écoutaient le concert derrière les barreaux. Nous voyons leurs bras dépasser et nous devinons leurs visages. Lorsque les membres du groupe s’approchaient, les prisonniers les acclamaient et les saluaient. C’était assez émouvant. Les sourires étaient toujours présents et la joie était palpable. René, Ludivine et Eileen ont dansé avec les détenu(e)s. Eileen disparaissait au milieu d’une marée bleue.
Après 1h30 de musique et de réel partage, le concert s’est terminé par « L’indifférence » chantée en cambodgien par René. Ce dernier s’est approché du public et des détenus courraient vers lui pour l’embrasser. Là aussi l’émotion était très forte.
Deux détenus ont tenu à nous remercier. Ils ont demandé le micro et après les remerciements, ont chanté 2 chansons, accompagnés par le public.

Nous avons ensuite démonté la scène, fatigués mais heureux et comblés par cette rencontre magique et ce partage.

Le médecin de la LICADHO a vu 85 détenu(e)s. Nous nous sommes ensuite rendus à la plage. Un plongeon dans une mer magnifique et chaude nous a permis de recharger nos batteries et de retrouver de l’énergie.

28 janvier, prison de Koh Kong

Durant notre périple, le paysage était toujours assez plat. Les routes que nous traversions étaient au milieu de rizières. Depuis notre arrivée à la mer, nous voyons des montagnes vers l’intérieur des terres. Pour nous rendre à Koh Kong, nous avons traversé ces montagnes sinueueses et gravis de petits cols. Notre petit bus peinait dans les montées et n’arrivait pas à atteindre les 10 km/h.
Le paysage est vraiment sauvage : nous avons traversé la jungle et, lorsque nous arrivions sur les hauteurs, la forêt s’étendait jusqu’à l’horizon. Nous avons traversé 4 grandes rivières, un spectacle extraordinaire. Après 4 heures de route, vers midi, nous arrivons à Koh Kong.
Rapide passage à l’hôtel, dîner et départ en direction de la prison. La chaleur de l’après-midi était de nouveau de la partie. Cette prison compte 290 détenu(e)s, une centaine de prisonniers attendaient notre arrivée.
Hors des murs de l’enceinte, une scène et des tables étaient préparées pour une réception qui est prévue après notre concert.
Le gouverneur, le maire et quelques personnalités conviées et ont assisté à notre concert. Dès les premières notes, le contact se fait avec le public. A part les 100 détenu(e)s devant le scène, 50 autres étaient un peu plus en retrait, derrière un grillage. Les enfants des invités et des gardiens ont aussi assisté à notre prestation. Les sourires et la joie étaient encore au rendez-vous. Un groupe de prisonniers a dansé sur tous les morceaux rythmés.
Pendant ce temps, le médecin de la Licadho a soigné 51 détenu(e)s et 4 gardiens.

Après 1h30 de concert, nous avons démonté la scène et avons rejoint les personnalités au banquet. Un groupe de Koh Kong a joué un répertoire cambodgien et les membres du groupe ont été invités à danser sur cette musique.
Ludivine et Eileen ne se débrouillaient pas trop mal. Pour ne pas les vexer, je dirai que les prestations de Nicola, Jeremy, Cyril et Christian étaient « intéressantes ». Nous avons bu quelques boissons et sommes partis…
Les petits plongeons dans la mer et dans la piscine d’un hôtel de luxe situé à 2 km de la frontière thaïlandaise nous ont remis d’attaque. Nous mangeons dans un petit restaurant et rejoignons notre hôtel pour une bonne nuit régénératrice.

29 janvier, Studio 182, Phnom Penh 

Le trajet de Koh Kong à Phnom Penh a duré 5h pour 290 km. Pendant que certains se rendaient au marché russe pour leurs derniers achats, René et moi-même avions rendez-vous avec le responsable des prisons cambodgiennes, le général Hak.
Avec quelques représentants de la LICADHO, nous avons parlé avec le général Hak qui nous a présenté ses projets pour améliorer la vie des détenus et de réinsertion après la détention. Nous avons pu le féliciter de l’amélioration que nous avons constatée tout au long de notre voyage.
Le Général Hak nous a dit qu’il allait rédiger un document déclarant que R2J est une Fondation d’utilité publique. L’entretien a duré une petite heure. reconnaissance utilité publique cambodge

Le soir, nous nous rendons au Studio 182 où l’AEFC avait organisé notre concert. Cette ONG s’occupe des français arrêtés au Cambodge autant du point de vue juridique que de leurs conditions de détention.
L’endroit est « classe » et nous avons été reçus comme des pros. Le concert, en 2 parties a eu lieu sur une terrasse à ciel ouvert. C’était vraiment sympa.
Durant la pause, nous avons pu remercier notre logisticien cambodgien, notre traductrice, la Licadho et les personnes qui nous avaient invités.
La présidente de la LICADHO, Kek Galabru nous a remis un cadeau à chacun.

Le concert a été d’excellente qualité et s’est prolongé jusqu’à 0h30.

La soirée prend fin dans une belle salle par un délicieux repas : Minestrone et boeuf en daube. Nous sommes rentrés à notre hôtel vers 2h30.

30 janvier, le retour…

8h départ pour l’aéroport. Nous avons découvert que nous avions une photo sur la première page d’un quotidien local et trois autres en troisième page contenant un article nous concernant. A l’heure actuelle nous ne savons pas s’ils parlaient bien de nous car c’est entièrement en cambodgien.
A l’aéroport nous avons pris congé de notre traductrice Sam et de nos chauffeurs. des cadeaux ont été échangés. Fort instant d’émotion.
Vol tranquille, transfert assez court à Singapour et très court à Zürich mais nous avons pu prendre notre train en courant. Le voyage se déroule entre ces magnifiques souvenirs et la joie de retrouver nos familles et nos proches, fatigués mais heureux d’avoir pu tenir nos engagements et d’avoir pu apporter quelques moments de joie et d’insouciance à des milliers de détenu(e)s.

Nous rentrons avec les coeurs remplis de leurs magnifiques sourires et de leurs regards pleins de joie. Nous avons vécu une expérience très forte émotionnellement. Des moments intense de partage avec notre public et entre les membres du groupe.

 

 

Auteur: Jeremy Moinat