Carnet de bord tournée Nicaragua

nicaragus all team

Le récit de notre tournée au Nicaragua en partenariat avec Terre des hommes 

Nos plus vifs remerciements à tous les intervenants et en particulier à Mme la ministre de l’intérieur du Nicaragua pour avoir tout mis en œuvre pour la réussite de ce projet.

Indiferencia

Indiferencia frente a la existencia
En la vida me gustaría soñar, viajar, irme,
Apartarme fuera del espacio y del tiempo
Huir de esta rutina
que dura desde hace demasiados años
Pero no puedo, irme de aquí
Estoy encerrado y no sé
Por todas partes hombres me obstruyen el camino
Tengo que luchar por mi futuro
Pero ellos también están presos
a la búsqueda de libertad
Indiferencia frente a la existencia
Indiferencia ante el sufrimento
No tienes vida no tienes historia
Y te escondes en la oscuridad
En la sombra de tus murallas
Para evitar la sociedad
Pensabas protegerte de los golpes que te dieron
Todas estas cercas estas empalizadas estas barreras
Y estas barandas estos obstáculos que te impiden comunicar
Mira, ya ni siquiera sabes quién eres
Indiferencia frente a la existencia
Indiferencia ante el sufrimento
Me gustaría que demos sentido verdadero a :

Encontrar, compatir, amar, esperar

26 décembre 2011

Nous voilà fraîchement arrivés à Managua après 24 heures de périple. Une dernière ligne droite au pas de course à l’aéroport de Miami, à 5 minutes près l’avion nous passait sous le nez !
Nous sommes tous ravis d’être ici, avec tous les bagages intacts.
A l’heure où j’écris ces lignes, il est 22h00 et nous avons déjà fini notre briefing pour les prochains jours. Une délégation de Terre des hommes nous a accueillis très chaleureusement et tout est en place pour faire une magnifique tournée. Sachez que pour les photos, ce sera un peu plus compliqué car dans les prisons tout média est formellement interdit.
Nous espérons néanmoins vous faire parvenir des messages régulièrement, merci de votre patience.

Salutations à tous,
Pour r2j, Christian

27 décembre 2011, pénitencier de Juigalpa
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Après une nuit genre décalée, jetlag oblige, rendez-vous à 05h00 pour notre premier concert au centre pénitentiaire de Juigalpa.
Nous prenons donc la nationale avec Javier, notre chauffeur et Raphael, accompagnant pour y parvenir 3 heures plus tard. Une bonne pluie nous accompagne tout le long du trajet. Le camion qui transporte la sono pénètre dans l’enceinte. C’est visiblement une découverte de pouvoir envisager un concert en prison. Beaucoup de curiosité et de questions dans les regards de nos hôtes du jour. Dehors, une file de femmes et enfants apportent de quoi nourrir leurs proches emprisonnés. Nous rentrons à notre tour dans un pénitencier aux couloirs impressionnants. Les grilles se referment, nous découvrons la salle dans laquelle nous jouerons, tôle basse et parpaings de ciment ajourés dans une ambiance moite de saison, la pluie arrose la région…
Les détenus arrivent un groupe après l’autre, ce sont une bonne centaine de personnes qui écoutent notre répertoire, ils apprécient les mots et chants préparés en Espagnol pour l’occasion. Les tubes s’enchaînent, entrainant l’assistance dans une joyeuse ambiance. Le personnel de Terre des hommes distribue boissons et biscuits sur le tube de U2, « in the name of love »
Un détenu tient à nous remercier par une lettre écrite durant le concert, John nous en fait la traduction, moment très touchant de partage.
Le personnel de la prison, bien qu’intrigué par notre démarche, semble apprécier notre venue. Nous quittons les lieux après les remerciements à la direction, aux gardiens et aux divers intervenants ayant participé à la mise sur pied de cette journée. Les applaudissements, sourires et paroles des personnes rencontrées ce jour nous encouragent vivement pour cette tournée au Nicaragua. Une première dans ce pays.
Nous devons quitter les lieux rapidement afin de rejoindre Rama pour parcourir en bateau les 80 km qui nous séparent du lieu du concert de demain. Transport de la sono par voie fluviale, la piste étant impraticable. Une expérience qui restera à jamais gravée dans nos mémoires. Instant de pur bonheur que de descendre ce fleuve 2 heures durant pour atteindre Bluefields à nuit tombante.

28 décembre 2011, pénitencier de Bluefields
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04h30, Bluefields s’éveille au chant du coq !
Nous ne sommes pas encore tout à fait synchrones avec l’horaire local !
Déjeuner copieux en terrasse face au port.
8h30, nous partons à pied pour rejoindre une des plus anciennes prisons du Nicaragua. Arrivés sur place avec guitares et bagages, nous découvrons le terrain de basket extérieur qui fera office de scène. La pluie menace, une agitation inhabituelle règne en ce lieu. Des oiseaux noirs jouent avec le vent en tournoyant sur nos têtes. Nous branchons nos instruments et effectuons les réglages son. Dès les premiers essais de batterie, des voix s’élèvent de derrière les barreaux. Des gardiens armés surveillent depuis les hauteurs. Le vent du large souffle, le ciel s’assombrit. Quelques détenus préparent des abris bâchés afin de parer à une éventuelle averse dans une ambiance désinvolte. Selon nos prévisions, ce seront une centaine de prisonniers et leurs visiteurs qui assisterons au concert. Au final, nous apprendrons que la plupart des prisonniers sont restés confinés dans leurs cellules suite à une baston matinale. Notre auditoire du jour se composera de visiteurs, mais la totalité des détenus entendront les morceaux joués avec brio par notre band. Les musiciens balancent avec assurance leurs titres. Un gardien filme avec son smartphone, le directeur découvre ce qui semble être pour lui un spectacle inédit.
La musique entre dans les prisons du Nicaragua !
Nic et Dennis, 2 détenus, interprètent avec brio reggae et rap avec la complicité de nos musiciens. Leur enthousiasme est tel que Thierry doit gentiment les ramener sur terre. Ils viennent remercier la sono avec un « God bless you ».
Les boissons stockées dans un immense bac à glaçons sont distribuées avec quelques biscuits par le staff de Terre des hommes.

Le concert s’est déroulé sous un soleil radieux. La musique efface encore une fois les nuages !
Nous quittons les lieux en saluant de loin les détenus restés derrière les grilles.

Le retour s’effectuera, comme la veille par bateau et par route. Nous arriverons à Managua dans la soirée.

29 décembre 2011, pénitencier de La Modelo, Tipitapa
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Ce ne sont plus les coqs mais les tourterelles et autres volatiles indigènes qui nous réveillent à l’aube de cette nouvelle journée. Le départ pour Tipitapa, la plus grande prison du pays (capacité de 4000 personnes) est prévu à 10h30, ce qui nous laisse le loisir de découvrir notre hôtel à la lumière du jour. Fantastique écrin de verdure avec bac de décompression intégré (piscine !). Moments bienvenus après ces premiers jours riches en émotions et découvertes.

Je profite de ces lignes pour remercier chaleureusement tout le staff de Terre des hommes qui nous accueille avec un dévouement et un professionnalisme fantastique. Merci aussi à toute l’équipe sono qui fait un boulot énorme pour que r2j puisse jouer avec une qualité digne des plus grands festivals !
Nous désirons offrir des prestations de haut vol pour les détenus, nous sommes hyper-ravis.
Que du pur bonheur, merci à tous.

Devant l’entrée nous attendons l’ambassadeur du Nicaragua auprès des Nations Unies pour pénétrer dans l’enceinte. Les contrôles effectués, nous découvrons une grande halle au toit d’Eternit de 80m de long. 2 rangées de tables en ciments sont disposées de chaque côté, permettant aux visites de passer un moment en famille. Ce sont environ 400 personnes qui se trouvent présentes ce jour de visite. La scène est haute perchée. Femmes et enfants, parents et amis attendent la venue d’un proche emprisonné. Une visite tous les 15 jours pour les adultes et une par semaine pour les mineurs.
Embrassades, larmes et étreintes à l’arrivée du proche attendu.
Moments d’intimité vécue en public. L’atmosphère de ce lieu est saturé d’émotions. Le sentiment qui m’habite déborde, j’ai de la peine à retenir mes larmes. Ce sera le cas pour la plupart d’entre nous. La souffrance des proches d’un détenu est évidente, surtout pour les enfants présents. Pas de doute, cette journée nous marquera avant même d’avoir débuté le concert…

A l’extérieur, 2 bâtiments de 2 étages sont contigus à cette halle. Derrière les barreaux, nous apercevons les détenus restés en cellule.
Le concert débute dans un brouhaha genre comptoir régional.
Au fil des morceaux, le contact se fait et toutes ces familles réunies profitent de cette ambiance musicale pour vivre une visite particulière. Le reste du pénitencier profite de la musique qui là encore traverse les murs, s’envolant d’un bâtiment à l’autre. 5 détenus profitent du micro pour exprimer leurs dons sur des rythmes de « reggeton » latino.

Thierry reprend le micro pour interpréter avec une émotion non-dissimulée le titre Indifférencia, chanté en espagnol pour cette tournée. Les paroles fortes de ce chant amènent un silence et une écoute incontestable. Le moment est très intense. Les couples ou familles réunies chaloupent tranquillement sur le dernier chant.
Je me réjouis de voir que ces personnes ont pu partager un moment de musique et d’encouragements ensemble, très proches les uns des autres. Le concert à peine terminé, les gardiens donnent de la voix et du mégaphone afin de diriger les visiteurs du jour vers la sortie. Le moment de la séparation est indescriptible, dur, insupportable…

Seuls les hommes sont présents maintenant et nous quittons la salle entre 2 lignes de détenus, impressionnant !

Christian, habitué aux tournées r2j depuis 10 ans me lâche à la sortie :
« c’est la première fois que je vois autant d’intensité dans leurs regards en nous disant adieu ».

30 décembre 2011, pénitenciers d’Esperanza et Granada
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Nous partons de notre hôtel à 7h30 pour jouer à la prison pour femmes de l’Esperanza à 9h00. Comme d’habitude interdiction formelle de prises de vues suite à une bavure de journalistes peu scrupuleux. L’endroit est une haute salle couverte de tôles de 50m de long et 18m de large. De chaque côté ont été rangées les machines à coudre qui servent vraisemblablement à un atelier de couture (élémentaire mon cher Watson!). Des vraies fenêtres sans barreaux permettent à la lumière d’inonder la pièce. L’air frais du matin peut circuler à son aise. Après le concert éprouvant d’hier, c’est un soulagement de se retrouver dans un environnement coquet et aéré. Le jardin est agrémenté de plantes verdoyantes, quelques statues de saints et un crucifix ornent 2 coins de la salle. On entend les oiseaux chanter sur un fond de trafic routier, nous sommes aux abords de Managua. 120 détenues seront au rendez-vous. Les détenues, toutes de bleu vêtues, arrivent en file indienne, elles sont placée dans un ordre bien rangé par leurs gardiennes. Quelques femmes ont dans leurs bras un bébé, qu’elles cajolent tendrement.
Le concert commence et aussitôt une ambiance folle s’installe. Magnifique!
Nicole déambule dans le couloir central avec un sourire et un regard qui en dit long! Ses yeux pétillants croisent le regard des détenues, on sent vraiment qu’elle prend plaisir en ces moments. Thierry la rejoint sous les cris de cette foule féminine. C’est une toute grande fête qui se déroule là!
Quelques morceaux plus tard, Thierry introduit Indifférencia, le texte touche le public, c’est clair. Il laisse résonner ces paroles et demande à la direction si les détenues peuvent se lever, la réponse est positive. Les femmes se lèvent aussitôt pour danser sur les morceaux suivants avec rythme et enthousiasme.
Un Baila Morena d’anthologie se termine avec la distribution de boissons.
Cyril et Nicola, équipé de technologie sans fils se régalent à faire des aller-retour au milieu de ces dames! Another brick in the wall, introduit avec les paroles encourageantes de Thierry fait un carton.
Assurément, nous vivons là un moment de pur bonheur partagé, extraordinaire, dense et phénoménal !

Nous devons plier bagages alors que les détenues doivent rester en place, inutile de dire que leurs applaudissements motivent nos héros du jours à aller les saluer cordialement dans les rangs et signer des autographes…

Nicole me souffle: « on dirait un concert de Patrick Bruel ! »

Nous quittons la prison et mangeons en route une viande grillée d’une qualité rare! Nous atteignons en début d’après-midi le pénitencier de Granada, d’une capacité de 825 places. Nous jouons dans une jolie église aux murs jaunes ajourés de voutes grillagées. Nous devons nous dépêcher car les détenus doivent être en cellule à 15h30, loi oblige !
Les détenus sont déjà assis et le concert débute après 5 minutes, merci l’équipe de sono qui a installé le matériel en un temps record. L’auditoire de 120 personnes est composé majoritairement d’hommes. Une dizaine de femmes et des mineurs sont aussi au fond de l’église. Nous vivons ce second concert avec un plaisir énorme.
Un très grand coup de chapeau aux musiciens de Repris de Justesse qui ont offert 2 concerts d’une qualité exceptionnelle.

Nous finirons la journée par une brève visite de Granada

31 décembre 2011: volcan et fiesta
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le Nicaragua se prépare au nouvel an…
Nous avons profité de ce break pour aller rendre visite à Andréa, installé à Managua depuis plus de 20 ans et qui a monté une grosse boîte de sonorisation. Ensuite nous nous sommes rendu au volcan de Masaya qui fait partie de la chaîne volcanique qui traverse ce pays. Spectacle grandiose d’un cratère gigantesque d’où s’échappent encore chaleur et fumeroles. L’air soufré est difficilement respirable, visiblement, les oiseaux qui planent au dessus du cratère n’ont pas le même nez que nous.
Alentours, ce magnifique mariage de végétation vert et de lave ravit nos yeux habitués aux alpes de neiges…
Sous nos pieds, tout un monde en fusion d’une puissance indescriptible nous rappelle à l’humilité.

Rendez- vous fixé pour la soirée du réveillon chez Carlo, ambassadeur du Nicaragua auprès des Nations Unies et de la Suisse.
Accueil des plus sympathiques, nous remercions chaleureusement nos hôtes pour cette fantastique soirée de convivialité. Malgré la fatigue de plusieurs d’entre nous, suite à une tourista sans conséquence, le groupe interprète quelques morceaux dans une ambiance très intimiste. Moments magiques, les voix de Nicole et Thierry, mêlées à celles de nos hôtes, tutoient les étoiles de la voûte céleste du Nicaragua.
Le passage du nouvel-an se fait dans une orgie de pétards et artifices assourdissants ! La fête se terminera pour nous à une heure raisonnable, nous devons assurer le concert de ce jour programmé dans un quartier de la décharge publique de Managua, la Chureca, à 15h00.

Nous vous souhaitons à tous une excellente année 2012.

1er janvier 2012, concert décharge de la Chureca
la décharge vue du ciel

Ce 1er jour de l’an, nous allons affronter un concert dans un environnement peu propice à la récupération.
La récupération est pourtant le quotidien de ces quelques centaines de familles plus que défavorisées. Terre des hommes a négocié avec patience avec le chef du syndicat des travailleurs de la Chureca pour pouvoir organiser cet événement.
Nous partons de l’hôtel avec une légère appréhension. Après quelques minutes de route, nous découvrons l’univers martien de cette décharge d’une superficie de 60 hectares. Paradoxalement, aucune odeur forte, il faut dire qu’un gros effort à été entrepris pour assainir le site . Les monticules de déchets ont été remblayés couche sur couche et les fondations d’une usine de recyclage sont posées. Espérons que ce projet puisse aboutir vite.

Quoiqu’il en soit, ce sont des milliers de personnes qui « vivent » du tri des déchets, ces centaines de familles sont organisées en syndicats et c’est grâce aux bonnes relations de Terre des hommes avec l’un des responsables que ce concert peut être organisé.
Nos sentiments sont divers et chacun encaisse des images et émotions qui ressortirons plus tard. Il faut dire que depuis le début de cette aventure en terrain inexploré, nous sommes amenés à gérer pas mal de contrastes.
L’ambassadeur chez qui nous étions reçu hier soir est présent avec sa famille. Plusieurs personnes avec qui nous avons sympathisé à l’hôtel sont venues avec nous pour vivre ces moments de rencontre particuliers.

Tous ces contacts répétés font vaciller les murs de l’indifférence, ennemie mortelle de toute espérance…

Nous vous laisserons donc le soin de vivre cette journée par le biais des photos que vous trouverez sur l’album « Nicaragua ».

2 janvier 2012, concert quartier populaire à Managua

Nouvelle expérience inédite en cette magnifique journée,
Terre des hommes fait un travail difficile sur le terrain pour rencontrer la jeunesse des quartiers défavorisés dans le cadre d’un programme de prévention de la violence.
Nous allons donc jouer sur une place de jeux (lapalissade!) sur laquelle il aurait été impensable de se produire il y a 4 ans. La situation s’est nettement améliorée grâce aux efforts de chacun. Nous arrivons sur cette place arborisée en fin de journée dans une atmosphère paisible et détendue. L’auditoire est parsemé, vraisemblablement intrigué par cet événement inhabituel. Les morceaux s’enchaînent, vécus avec brio par nos 2 deux chanteurs. Leur énergie distillée au fil des chants permettra de réchauffer une ambiance un peu timide. L’Indifférencia est interprétée sous un soleil couchant inondant le ciel de Managua. Magnifique…
Au final ce sont environ 248 personnes qui auront profité de cette belle fin de soirée de janvier.

Nous vivons une fin de soirée autour d’une fondue (le temps est couvert !)
John Orlando quitte le pays pour d’autres horizons après 10 ans d’activités au Nicaragua.

Un énorme merci et nos meilleurs voeux pour son avenir à Madrid.

3 janvier 2012, pénitencier de Chinandega
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Départ de notre hôtel à 9h30, un trajet de 3 heures nous permet d’admirer les volcans qui longent cette route.
Sur l’album photos, vous trouverez quelques vues prises du bus.
Nous traversons une région principalement agricole pour nous rendre à Chinandega. Cette ville coquette à des saveurs de vacances; en effet d’innombrables boutiques fleurissent le long des rues proposant des articles que nous n’avions pas vus jusque-là. Une richesse due aux anciennes cultures de coton.
Après une halte « tip-top », Macdo du coin, nous pénétrons dans l’enceinte du pénitencier d’une capacité de 1000 places, dont une centaine de femmes et une quinzaine de mineurs. Les contrôles effectués nous circulons entre les différents pavillons qui entourent une grande aire de détente, le concert aura lieu dans la chapelle de la prison: salle étroite, murs verts et toit de tôle. Les ventilateurs brassent un air lourd, il est 14h00. Une petite centaine de détenus sont autorisés à venir à assister au concert, les autres pourront entendre la musique depuis leurs cellules. Une bonne centaine d’entre eux sont sur le terrain jouxtant la salle. Au fil des morceaux, l’ambiance devient plus conviviale grâce à l’enthousiasme communiqué par nos musiciens et chanteurs. les gardiens venus en grand nombre semblent apprécier ce moment.
Un détenu nous offre des caricatures qu’il a dessinées au stylo pendant le temps du concert. Avec un sourire, il nous quittera en me disant qu’il retourne « à la maison » en rejoignant sa cellule.
Au retour, les paysages qui défilent sous nos yeux sont baignés de la lumière du crépuscule, grandiose !

Nous allons nous coucher tôt, une grosse journée nous attends demain avec 2 concerts dans le nord du pays

4 janvier 2012, pénitenciers d’Esteli et Matagalpa
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Ce matin, nous nous réveillons avant les oiseaux, vers 04h30, pour être prêts au départ prévu à 05h30. Nous avons programmé 2 concerts dans une région montagneuse du pays. Nous profitons des lumières de l’aube pour nous diriger vers Esteli, ville d’altitude.

L’air est plus frais, nous pénétrons dans un pénitencier en travaux.
Cette prison de 860 places, dont 36 femmes et 15 mineurs, se situe à l’extérieur de la ville dans un écrin de verdure. On nous conduit dans une salle servant de lieu de rencontre pour les visites. Une construction récente aux murs jaunes ouverts à mi-hauteur par des barreaux, laissant l’air frais circuler. Nous pouvons apercevoir tous les détenus restés à l’extérieur. Beaucoup de familles sont présentes pour visiter leurs proches, c’est une ambiance familiale qui règne dans ce lieu. Tout à nouveau, ces étreintes et regards échangés me sortent des larmes. La visite des proches est vraiment essentielle pour garder espoir de s’en sortir. A l’entrée, un stand de vente d’objets artisanaux façonnés par les détenus et un guichet vendant de la nourriture. L’équipe sono est occupé à démonter le tableau électrique pour avoir une source de courant fiable…
Le concert démarre sur Sweet Dreams, les détenus affluent pour voir le concert de l’extérieur, côté gauche, beaucoup de visages jeunes marqués par la vie. Indifférencia donne le ton et Thierry explique encore une fois le pourquoi de notre présence. Carmen traduit, c’est elle qui a repris le flambeau de John pour les activités de Terre des hommes au Nicaragua. Un détenu, Johny, nous fait une chorégraphie sur « Beat it » de M.Jackson, avec moonwalk sous les regards ébahis de la foule. Un orchestre de détenus nous offre de beaux moments de musique traditionnelle.

Nous partons sous un soleil radieux pour notre deuxième date du jour.

Pénitencier de Matagalpa, 910 places, dont 15 femmes et 18 ados.
C’est la dernière date de cette tournée des 8 grandes prison du pays. Nous avons droit à un contrôle serré et nous traversons plusieurs pavillons de détenus, plusieurs grilles se referment sur nous. Nous jouons dans une salle verte, ajourées de grillages à mi hauteur. De tous les côtés, nous pouvons croiser les regards des détenus. Impressionnant! Beaucoup de monde dans des cellules séparées pas des barreaux et grillages. Les affaires personnelles sont stockées bien souvent dans des plastics qui pendent à l’extérieur des murs, accrochés aux barreaux, aucune intimité.

On nous accueille par des applaudissements, notre dernier concert sera un magnifique cadeau de fin de tournée. Les tubes s’enchaînent, une ambiance bienfaisante pour un instant d’émotions partagées dans ce pénitencier du Nicaragua. Les musiciens et chanteurs de Repris de Justesse donnent à nouveau le maximum pour que l’instant soit beau ! Cette équipe-là est d’une générosité incroyable, respect ! C’est avec une grande émotion que nous franchissons la grande porte métallique de la prison. Nous recevons les remerciements du directeur dans son bureau. Il qualifiera cette événement d’historique. Jamais auparavant, une tournée de musique rock n’a eu lieu dans les prisons du Nicaragua.

Nous prenons tous conscience que ce projet fou n’a pu être réalisé qu’avec la détermination de tous les intervenants. Nous prenons un peu de temps pour prendre congé de ceux que nous ne reverrons plus. Moments fort d’émotion. Une photo souvenir qui démontre bien qu’une telle aventure n’est possible qu’avec la somme des talents de chacun.

Merci à tous, ce fut grandiose !

En écrivant ces quelques lignes, en partageant le déjeuner, c’est un sentiment de grande satisfaction qui nous habite tous.

5 et 6 janvier 2012

2 jours où nous profitons de visiter Managua et son marché afin d’effectuer quelques achats compulsifs. Quelques-uns s’essayerons avec talent à la tyrolienne.

La soirée sera festive dans un restaurant de Managua servant une des meilleures viande grillée du Nicaragua. Une petite partie officielle clos définitivement cette tournée du premier groupe de rock dans les prisons Nicaraguayennes !

Nous remercions les intervenants de Terre des hommes pour leur professionnalisme et surtout pour l’amitié qui désormais nous lie.

Une journée de partage et d’amitié entre les participants à cette belle aventure.

Nous avons prévu aujourd’hui une sortie « pacifique » en direction de l’océan avec coucher de soleil !

Il est fort probable que ces news se terminent avec ces quelques lignes, nous espérons avoir pu vous faire vivre un peu de notre quotidien…

Merci à toutes et tous pour votre soutien, votre amour et amitié !

A tout bientôt…

 

Auteur: Jeremy Moinat